Dwalin Stelkhur

Dwalin est un nain de taille moyenne (141,65824 cm environ). Il arbore fièrement (comme tout nain qui se respecte) une longue barbe (35,54219 cm environ, moins longue que celle de Thror..) superbement tressée où l’on peut percevoir parfois quelques feuilles de houblons oubliées lors de ses longues périodes de contrition et de méditation passées avec les autres seigneurs nains dans les distilleries du royaume.

Agé de 156,12874 ans (re-estimation à la louche), il est le plus haut dignitaire du clergé de Moradin depuis une centaine d’années. Il en a développé le culte car peu de ses prédécesseurs ont su le faire. Peu de nains échappent aux sermons proclamés pour la plus grande gloire de Moradin dans les nombreux temples qui lui sont dévolus. Dwalin est d’une nature enjouée. Toutefois, à l’instar des principaux régents du royaume, il ne lui faut pas longtemps pour « s’agiter et vociférer ». La température d’ébullition de son sang est très basse …

Il est actuellement deuxième au concours de descente de bière de Sansereg. Et il compte bien passer premier, par Moradin!

Au commencement, il n'y avait que Ciel, Terre, Géants et Elfes.

Ils regardèrent la surface du monde, et se la partagèrent.

Les Cinq créèrent leurs premiers enfants, et posèrent ceux-ci à la surface. Regardant vers le ciel, ils devinrent trop grands - comme ceux qui étaient là avant eux. Ainsi naquirent les hommes.

Les Trois créèrent les leurs, les extirpant de la boue et les posant à la surface et en-dessous. Ne sachant où aller, ni comment grandir, ils devinrent le chaos, malformés, brutaux, pouvant à peine supporter le fait de leur propre existence. Ainsi naquirent gobelins, gnolls, orogs et ogres.

Mais le Vieux Père regarda ces créations, et se dit qu'il avait eu raison. Tandis que les Cinq se partageaient la surface, et que Torazan, Karthatok et Yeenoguush se chamaillaient pour savoir lesquels auraient la joie de tuer en premier les enfants des autres, Il avait enfoui ses enfants sous la Terre.

Les cavernes et le plafond de pierre au-dessus de leurs têtes leur permirent de grandir à juste la bonne taille. Ainsi, les nains avaient prospéré longtemps à l'abri des regards de convoîtise des hommes, de dédain des elfes, et de chaos des monstres.

Dwalin reposa le tome sur le pupitre devant lui. Il avait essayé de ne pas pouffer de rire pendant sa lecture, moins à cause du parti pris évident de l'auteur et son ignorance des véritables desseins de Moradin qu'à cause des dessins d'un de ses prédecesseurs dont la plume avait soigneusement rajouté des moustaches aux divinités humaines, des chapeaux à plume aux elfes et des cornes aux humanoïdes.

Toutefois, sa bonne humeur ne durait pas. De plus en plus au cours du siècle qui venait de passer il avait remis en question les enseignements du Temple de Moradin. Il était devenu grand prêtre du Vieux Père à l'âge extrêmement jeune de 56 ans, ce qui faisait de lui un cas unique - ses débats animés et sa façon de remettre en cause les philosophies attentistes des vieux prêtres lui avaient valu bon nombre d'ennemis au sein du culte qu'il dirigeait actuellement. Son arrivée à ce poste fut d'ailleurs le fruit de longues années de discussions entre les prêtres, et provoqua aussi son lot de problèmes.

Il soupira bruyamment, pensant aux progrès du royaume - aux progrès que le roi Thror Norlgad avait aidé à mettre en oeuvre. D'à peine une dizaine d'années son aîné, ils n'étaient pas toujours d'accord sur tout, mais au moins avaient-ils pu voir ensemble que rester enfermés dans leurs citadelles de pierre n'apporterait que ruine au royaume de Sarnsereg.

Que penser des élucubrations paranoïaques et espècistes d'un vieux prêtre décati d'antan? Mais ce genre de croyance était profondément ancré dans les souvenirs de la race naine, les troubles commencés par les hommes et leurs guerres, par les elfes et leur refus obstiné de voir au-delà de leurs forêts, des gobelins, orogs, gnolls et autres monstruosités. Que devait-il faire? Chasser les préjugés du peuple et l'ouvrir au monde? C'était courir le risque de voir s'écrouler tout ce qu'ils avaient construit - faites confiance à un humain et, quelques dizaines d'années plus tard, il vous trahit. Essayez de faire la paix avec une tribu gobeline, et voyez son "roi" se faire trucider l'année suivante. Même si celui-ci tenait depuis étonnemment longtemps. Quant aux elfes... Non. Là, même lui ne pouvait trouver de terrain d'entente.

Soupirant encore, il décida de méditer sur la question. Il prit une pioche, une lampe à huile, mit un épais tablier de cuir et un casque usé par d'interminables périodes de réflexion, et se dirigea vers la mine de sa famille. La mine Stelkhür n'était guère plus qu'une suite de galeries sans réelle utilité - ils étaient scribes et clercs de père en fils, et les naines de sa famille n'étaient pas bien plus aptes aux taches de la mine. Mais au coeur de tout nain, tout enfoui que cela puisse être, se trouve cette petite voix implacable. un besoin, un impératif : vas sous terre, rejoins les rochers, sens la terre autour de toi, en toi. Martèle, frappe, creuse, creuse!

Dwalin médita à la Naine. Et le Vieux Père trouva cela bon.